Revue Française de la recherche
en viandes et produits carnés

ISSN  2555-8560

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La contribution des protéines animales aux apports totaux recommandés en protéines

L'évolution vers une alimentation plus végétale, telle que préconisée dans les pays occidentaux, réduirait la contribution des protéines animales aux protéines totales. Une telle réduction pourrait compromettre l'adéquation nutritionnelle de l’alimentation, pas seulement pour les protéines, mais aussi pour les autres nutriments. Utilisant les données d'une enquête alimentaire transversale représentative de la population française, nous avons déterminé, pour 5 sous-populations adultes (i.e. : 1) femmes < 50 ans ; 2) femmes de 50 à 64 ans ; 3) femmes ≥ 65 ans ; 4) hommes < 65 ans ; 5) hommes ≥ 65 ans), le niveau minimal de protéines totales et la contribution minimale de protéines animales aux protéines totales compatibles avec le respect de toutes les recommandations d’apports en nutriments non protéiques. Pour chacune des 5 sous-populations, une optimisation (par programmation linéaire) de son régime moyen observé a été utilisée pour évaluer le niveau minimum de protéines (série de modèles # 1) et la contribution minimale des protéines animales aux protéines totales (série de modèles # 2) compatibles avec le respect de toutes les recommandations basées sur les nutriments (à l'exception des protéines, dont les niveaux ont été analysés a posteriori, en sortie des modèles. Les coûts totaux des régimes modélisés ne devaient pas augmenter par rapport aux régimes observés. Les habitudes alimentaires n'ont été prises en compte que dans l'ensemble de modèles # 2. La quantité minimale de protéines qui était théoriquement compatible avec le respect des recommandations nutritionnelles pour les autres nutriments (série de modèles #1) était inférieure à l'apport minimal recommandé en protéines pour toutes les sous-populations, à l'exception des femmes < 50 ans. Dans la série de modèles # 2, pour les femmes et les hommes de ≥ 65 ans, la diminution de la contribution des protéines animales aux protéines totales en dessous de 55% et 60%, respectivement, a conduit à des niveaux de protéines inférieurs aux niveaux recommandés. Pour les autres sous-populations (femmes < 50 ans, femmes de 50 à 64 ans et hommes < 65 ans), les contributions les plus faibles de protéines animales aux protéines totales compatibles avec une alimentation adéquate sur le plan nutritionnel (y compris l'adéquation protéique) étaient de 55%, 50% et 45%, respectivement.

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Edito

Les leçons d’un salon

Le salon international de l’Agriculture qui s’est achevé le 3 mars dernier a révélé au public l’ampleur du malaise qui parcourt le monde agricole et singulièrement celui de l’élevage. Ce désarroi n’a guère surpris les observateurs du secteur, tant toutes les espèces produites en France semblent aujourd’hui sur le reculoir. En sept ans, les cheptels bovins laitier et allaitant ont perdu respectivement 409 000 et 564 000 vaches, soit près d’un million de têtes au total, selon le GEB. Depuis deux ans, les volumes de porcs abattus en France n’ont également cessé de s’effriter (-4,6% en têtes ces douze derniers mois selon FAM), suivant en cela le déclin du cheptel porcin français. Les effectifs d’agneaux abattus sont également en baisse depuis un an (-3% d’octobre 2022 à octobre 2023). Quant à la production de volaille, frappée par la grippe aviaire, elle peine à retrouver son niveau de 2021. Cette orientation générale n’est évidemment pas sans conséquences sur les abattoirs et les ateliers de transformation. Lors d’une conférence de presse organisée en amont du salon de l’Agriculture, les dirigeants de Culture Viande ont révélé qu’un abattoir fermait tous les mois depuis septembre 2023, ce chiffre étant monté à "deux par mois" depuis le début de l’année. Certaines entreprises ont bien du mal à faire face à la chute de l’offre dans leur zone, sans compter l’augmentation des charges de transport, d’électricité, d’emballage ou de mise aux normes.
Pour enrayer la décapitalisation en cours dans la plupart des productions, le ministère de l’Agriculture a dévoilé au SIA un "plan gouvernemental renforcé de reconquête de souveraineté sur l’élevage" (1). Celui-ci insiste notamment sur le nécessaire renouvellement des générations d’éleveurs et sur l’attractivité des métiers par l’amélioration du service de remplacement ou encore par la mise en place d’un nouvel instrument financier "pour soutenir les nouvelles installations en agriculture et les investissements porteurs de transitions". Le gouvernement promet "la simplification et l’accélération des procédures administratives" pour les bâtiments d’élevage "en ramenant à deux mois les délais de recours contre les projets agricoles", mais aussi en supprimant un niveau de juridiction et en fixant un délai maximal de jugement à dix mois pour les contentieux. En marge de ce plan, les pouvoirs publics ont également répondu à une revendication répétée des filières viandes françaises en publiant un nouveau décret "relatif à l'utilisation de certaines dénominations employées pour désigner des denrées comportant des protéines végétales". Celui-ci vise à interdire l’usage des termes "steak", "saucisse", "escalope", "paleron", etc. sur les aliments élaborés à base de végétaux.
Ces annonces seront-elles en mesure d’inverser les tendances de fond constatées en matière d’élevage et de consommation de viande ? En tous cas, les filières françaises ont pu constater, lors de cette 60e édition du salon, que le soutien des citoyens- français leur était plus que jamais acquis. En dépit d’une ouverture particulièrement agitée et des images de désordre, plus de 603 000 visiteurs sont venus plébisciter le modèle français et les produits qui en sont issus. Un soutien qui sera précieux aux éleveurs, abatteurs et bouchers français à l’avenir.

Bruno CARLHIAN et Jean-François HOCQUETTE

(1) https://agriculture.gouv.fr/lancement-du-plan-gouvernemental-renforce-de-reconquete-de-notre-souverainete-sur-lelevage