Revue Française de la recherche
en viandes et produits carnés

ISSN  2555-8560

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Résumés - Environnement

L’Association Française de Zootechnie (AFZ) a organisé trois webinaires afin de faire l’état des lieux des connaissances relatives à l’évaluation environnementale des produits animaux, dans la perspective de la mise en place de l’affichage environnemental des produits alimentaires. Cet article résume les neuf interventions et les débats qui les ont suivis. Le premier webinaire a permis de positionner la problématique de l’évaluation environnementale des systèmes d’élevage et de leurs produits, dans le cadre plus large d’une alimentation durable, telle qu’elle est envisagée par la FAO, soulignant ainsi que, selon les pays, les solutions sont très diverses aussi bien en termes d’évolution des systèmes d’élevage que de niveau de production et de consommation. Le second webinaire était consacré à la présentation des méthodologies et des données disponibles pour l’évaluation environnementale des systèmes d’élevage et des produits animaux. Le troisième webinaire s’est intéressé à l’affichage environnemental des produits alimentaires avec une première intervention sur les avantages et limites des approches mises en œuvre pour identifier des choix alimentaires plus durables, suivie de trois présentations relatives à l’expérimentation d’affichage conduite par le Ministère de la Transition Écologique en partenariat avec des acteurs de terrain. Les différentes présentations soulignent l’importance des acquis méthodologiques et des données disponibles, même si des améliorations restent à apporter, en particulier pour mieux prendre en compte les spécificités des systèmes d’élevage herbagers et biologiques. Par ailleurs, les expérimentations d’affichage confirment l’intérêt des consommateurs pour une information explicite sur l’impact environnemental des produits alimentaires.

La répartition des impacts environnementaux entre différents produits d’un système multi-produits est une question cruciale en Analyse du Cycle de Vie (ACV). Les standards (ISO, 2006a, 2006b) recommandent la subdivision, puis la substitution, lorsque cela est possible. Cependant, l’allocation est souvent nécessaire. Elle consiste à allouer aux différents coproduits une part de l’impact total du système, proportionnellement à des valeurs caractérisant le système et les coproduits qu’il génère. Dans cet article, les coproduits désignent l’ensemble des produits sortant du système, comprenant les produits principaux (viande) et les sous-produits (le reste). L’allocation peut ainsi se baser sur des paramètres physiques (tels que la masse, la valeur protéique ou encore la teneur en matière sèche) ou encore sur la valeur économique des coproduits. La variété des paramètres évoqués conduit à de possibles résultats contrastés selon la règle d’allocation utilisée. De ces différences, naissent des discussions entre acteurs et un consensus est souvent difficile à atteindre, comme dans le cas du secteur de la viande. Pour alimenter encore le débat, Chen et al. (2017) ont proposé une nouvelle méthode d’allocation basée sur des paramètres biophysiques. En adaptant et développant des méthodes existantes, ce travail propose ainsi d’allouer les impacts environnementaux proportionnellement à l’énergie nécessaire à la croissance, l’entretien et l’activité de chaque tissu. La méthode a été jugée scientifiquement viable mais particulièrement difficile à appliquer du fait de la quantité importante de données nécessaires et de la complexité des modèles de calcul (la répartition de l’énergie dans les tissus dépend en effet par exemple de la race, de l’âge de l’animal ou encore du mode d’élevage). L’article suivant présente le développement d’un logiciel libre pour faciliter le calcul de ces facteurs pour les méthodes d’allocation biophysique, économique et massique. MeatPartTool permet également l’accès à une base de données de facteurs calculés pour nombre d’espèces de bovins et ovins selon les trois méthodes. Ainsi, la base de données créée contient les facteurs d’allocation à la sortie de l’abattoir pour 132 bovins (hors veaux), 54 veaux et 14 ovins. En cela, l’outil et la base de données n’ont pas pour vocation de résoudre le consensus, mais de faciliter le calcul de facteurs d’allocation selon trois méthodes distinctes et pour une grande variété d’animaux afin d’aider les acteurs de la filière à faire des choix éclairés. La base de données a fait l’objet d’un data paper publié (en Open Access) dans une revue à comité de lecture (Le Féon et al., 2020a).

Initiées en 2019, les Matinales de la Recherche d’INTERBEV ont été reconduites en 2021. Evènement interprofessionnel scientifique et technique, cette seconde édition a retenu le thème du « Manger mieux » en cohérence avec la campagne de communication collective « Aimez la viande, mangez-en mieux ». Ce thème est en effet au cœur des réflexions et des travaux interprofessionnels. Les résultats issus de la recherche d’INTERBEV (R&D, économie, socio-consommation) contribuent à nourrir cette stratégie. Le programme de ces Matinales a, une fois encore, témoigné de la pluralité et de la diversité des travaux et collaborations de l’Interprofession Elevage & Viande.

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Edito

Le paradoxe de la filière bovine

Les signaux d’alerte se multiplient sur les conséquences à long terme du mouvement de décapitalisation bovine qui s’accélère depuis trois ans. Selon des projections réalisées par l’Institut de l’Élevage présentées lors des Matinales de la Recherche d’Interbev en mars dernier (nous y reviendrons dans un prochain numéro), la diminution du troupeau entrainerait une forte régression du nombre d’animaux finis destinés au marché français. Cette baisse est évaluée à environ -20% entre 2022 et 2030, soit 12 500 animaux de moins par semaine, avec la fermeture prévisible de nombreux outils et une baisse du besoin en emplois dans la filière.
Le paradoxe de la situation actuelle, c’est que les perspectives d’évolutions de la consommation ne justifient en rien une telle perspective. Certes, la consommation apparente de viande bovine en France a connu depuis dix ans une baisse lente, mais régulière, d’environ 1,1% par an selon Agreste, rappelle une étude menée par Valérie Diot (Ifip) sur "Les déterminants impactant les évolutions de la consommation des produits carnés en France". Mais son article, que nous publions dans ce numéro de VPC avec l’aimable autorisation du RMT Maele, montre également que les produits animaux "demeurent des produits piliers ancrés dans le quotidien des consommateurs avec des taux de pénétration élevés" et que la baisse de consommation des dernières années est en grande partie liée à des considérations économiques.
Par ailleurs, contrairement à une opinion trop communément répandue, les perspectives d’évolution de la consommation de viande bovine au niveau mondial à moyen terme sont bel et bien positives. C’est ce qui ressort du rapport Perspectives agricoles 2025-2034 OCDE-FAO dont nous vous proposons dans ce numéro une synthèse centrée sur les produits carnés. Selon les projections à moyen terme des deux organisations, la consommation mondiale de viande devrait progresser de 47,9 Mt au cours de la prochaine décennie soit une augmentation de 0,9 kg par habitant et par an en équivalent poids comestible au détail (epd). Si la consommation de volaille progresserait le plus rapidement (+21%), celle de viande bovine devrait tout de même croitre de +13% d’ici 2034 !
La filière viande bovine française n’a donc pas de raison de se résigner au déclin. Les deux événements professionnels du secteur entre lesquels intervient la publication de ce numéro de VPC démontrent d’ailleurs l’importance économique intacte de l’élevage bovin. En septembre, le Space de Rennes a dépassé tous les records d’affluence avec 102 000 visiteurs sur trois jours. Quant au Sommet de l’Elevage qui ouvre ses portes du 7 au 10 octobre à Clermont-Ferrand, il n’attend pas moins de 1750 exposants pour 120000 visiteurs ! Parmi ceux-ci, une délégation chinoise est attendue. Dans ce cadre, VPC publie le compte-rendu du Forum franco-chinois sur la production de viande bovine qui s’est tenu à Changchun en juillet dernier avec des experts français sur place.
A lire aussi dans ce numéro, une revue systématique et une méta-analyse d'essais contrôlés randomisés sur "Consommation de viande bovine et facteurs de risque des maladies cardiovasculaires" ; et une étude en deux volets sur la compétitivité de cinq filières porcines européennes en 2022.

Bruno CARLHIAN et Jean-François HOCQUETTE