Revue Française de la recherche
en viandes et produits carnés

ISSN  2555-8560

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Performances d’abattage et caractéristiques de la viande de veaux rosés de la race locale Maraîchine

La dénomination de "veau rosé" est diversement définie et peu étudiée en France. Cette production est bien adaptée aux races locales, comme dans le cas de la Maraîchine. Les performances d’abattage des veaux rosés extraites d’une base de données de 119 veaux obtenue entre 2009 à 2023 sur l’unité expérimentale INRAE de Saint-Laurent-de-la-Prée sont décrites. Les caractéristiques biochimiques et métaboliques ainsi que les qualités sensorielles et nutritionnelles des viandes ont été analysées sur échantillon de 30 veaux rosés (15 élevés au pis et à l’herbe (pâture et/ou foin) (régime H) et 15 veaux élevés au pis et complémentés aux concentrés (régime C)) issus de 8 élevages différents. Les veaux ont un poids vif moyen de 219 kg, un poids carcasse de 128 kg et un poids de viande de 90 kg. Les rendements carcasse sont en moyenne de 59 % et les rendements viande de 70 %. La viande de veau rosée est pauvre en lipides (1,3g/100g de tissu). Elle présente une proportion d’AGPI élevée proche de 20% et un rapport AGPI n-6/n-3 proche de 2. Le régime alimentaire des veaux a des impacts significatifs sur la qualité de la viande. Le régime H impacte la conformation des carcasses, la couleur de la viande, la teneur en fer (+ 24%) et la tendreté. Il augmente de 53% la proportion de fibres lentes et oxydo-glycolytiques. Certaines teneurs en acides gras d’intérêt, en vitamine B2 et des indicateurs santé sont également augmentées. Enfin le régime H entraine également un double enrichissement en antioxydants endogènes ou exogènes et une diminution des teneurs en vitamines B3 et B6.

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Edito

Les leçons d’un salon

Le salon international de l’Agriculture qui s’est achevé le 3 mars dernier a révélé au public l’ampleur du malaise qui parcourt le monde agricole et singulièrement celui de l’élevage. Ce désarroi n’a guère surpris les observateurs du secteur, tant toutes les espèces produites en France semblent aujourd’hui sur le reculoir. En sept ans, les cheptels bovins laitier et allaitant ont perdu respectivement 409 000 et 564 000 vaches, soit près d’un million de têtes au total, selon le GEB. Depuis deux ans, les volumes de porcs abattus en France n’ont également cessé de s’effriter (-4,6% en têtes ces douze derniers mois selon FAM), suivant en cela le déclin du cheptel porcin français. Les effectifs d’agneaux abattus sont également en baisse depuis un an (-3% d’octobre 2022 à octobre 2023). Quant à la production de volaille, frappée par la grippe aviaire, elle peine à retrouver son niveau de 2021. Cette orientation générale n’est évidemment pas sans conséquences sur les abattoirs et les ateliers de transformation. Lors d’une conférence de presse organisée en amont du salon de l’Agriculture, les dirigeants de Culture Viande ont révélé qu’un abattoir fermait tous les mois depuis septembre 2023, ce chiffre étant monté à "deux par mois" depuis le début de l’année. Certaines entreprises ont bien du mal à faire face à la chute de l’offre dans leur zone, sans compter l’augmentation des charges de transport, d’électricité, d’emballage ou de mise aux normes.
Pour enrayer la décapitalisation en cours dans la plupart des productions, le ministère de l’Agriculture a dévoilé au SIA un "plan gouvernemental renforcé de reconquête de souveraineté sur l’élevage" (1). Celui-ci insiste notamment sur le nécessaire renouvellement des générations d’éleveurs et sur l’attractivité des métiers par l’amélioration du service de remplacement ou encore par la mise en place d’un nouvel instrument financier "pour soutenir les nouvelles installations en agriculture et les investissements porteurs de transitions". Le gouvernement promet "la simplification et l’accélération des procédures administratives" pour les bâtiments d’élevage "en ramenant à deux mois les délais de recours contre les projets agricoles", mais aussi en supprimant un niveau de juridiction et en fixant un délai maximal de jugement à dix mois pour les contentieux. En marge de ce plan, les pouvoirs publics ont également répondu à une revendication répétée des filières viandes françaises en publiant un nouveau décret "relatif à l'utilisation de certaines dénominations employées pour désigner des denrées comportant des protéines végétales". Celui-ci vise à interdire l’usage des termes "steak", "saucisse", "escalope", "paleron", etc. sur les aliments élaborés à base de végétaux.
Ces annonces seront-elles en mesure d’inverser les tendances de fond constatées en matière d’élevage et de consommation de viande ? En tous cas, les filières françaises ont pu constater, lors de cette 60e édition du salon, que le soutien des citoyens- français leur était plus que jamais acquis. En dépit d’une ouverture particulièrement agitée et des images de désordre, plus de 603 000 visiteurs sont venus plébisciter le modèle français et les produits qui en sont issus. Un soutien qui sera précieux aux éleveurs, abatteurs et bouchers français à l’avenir.

Bruno CARLHIAN et Jean-François HOCQUETTE

(1) https://agriculture.gouv.fr/lancement-du-plan-gouvernemental-renforce-de-reconquete-de-notre-souverainete-sur-lelevage